14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 06:23

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Ron Paul en campagne dans le New Hampshire, le 9 janvier dernier (Photo Getty Images)


 

Ron Paul ne remportera pas l'investiture du Parti républicain en 2012. Mais il ne faut pas s'y tromper : le libertarien n'entend pas laisser le champ libre au nominé qui sera choisi par les militants au printemps. Pour ce faire, Paul entend remporter suffisamment de délégués pour peser sur la convention républicaine d'août 2012, qui investira officiellement le candidat qui affrontera Barack Obama. Et ainsi faire intégrer quelques unes de ses idées au programme officiel du parti de l'éléphant.

 

Si l'on se fie aux chiffres, Mitt Romney et Ron Paul ont tous deux autant de chances de décrocher l'investiture républicaine ; selon nos estimations - après deux Etats - le premier posséderait 13 délégués, le second 9... Sur 1144 nécessaires pour l'emporter. Mais Romney se trouve dans un fauteuil grâce à ses deux victoires d'entrée de jeu, un fait inédit dans l'histoire des primaires modernes (depuis 1980).

 

Surtout, Paul fait figure d'électron libre au sein du Parti républicain. Son soutien lui vient uniquement d'électeurs déçus par l'establishment. En dépit de l'impopularité supposée du leader Romney, ses positions libertariennes lui vaudront, tôt ou tard, la désaffection des membres les plus conservateurs du parti. Par exemple, si l'on imagine que tous les candidats à la primaire décident de jeter l'éponge, laissant Ron Paul et Mitt Romney seuls candidats, alors nul doute que même en dépit de leurs amères rivalités, des hommes comme Rick Santorum et Newt Gingrich se rangeraient derrière Mitt Romney.


Ron Paul ne peut pas envisager la victoire, même s'il dispose sans doute de suffisamment de ressources financières pour tenir la distance et aller au bout des primaires. En 2011, il s’est classé deuxième derrière Romney en matière de levée de fonds, avec un pactole de plus de 22 millions de dollars. Samedi, il a organisé une moneybomb, sorte de « téléthon » téléphonique, dont certaines sources estiment la récolte à plus d'un million de dollars.


De plus, Ron Paul utilise son argent avec beaucoup de parcimonie, en renforçant, Etat par Etat, l’organisation héritée de sa première campagne présidentielle de 2008. Il possède par exemple des bureaux dans le Dakota du Nord, le Kansas et le Missouri, entre autres. Le placement de ces Etats dans le calendrier des primaires montre bien où se trouvent les intentions de Paul. Bien que son équipe se défende d’adopter un tel raisonnement, sa stratégie est d’accumuler les délégués, sans pour autant avoir l’espoir d’atteindre le chiffre magique de 1144, qui ouvre les portes du haut du ticket républicain à la convention.


Un exemple très clair pour illustrer cette stratégie : Ron Paul ne fera pas campagne en Floride, un grand Etat qui coûte très cher et qui n’attribue de délégués qu’au candidat qui y remporte le plus de voix (winner takes all). Son staff a annoncé vouloir se tourner, immédiatement après la Caroline du Sud, vers les caucus de février, des scrutins qui pèsent moins lourd en termes de représentation, mais dans lesquels il est plus facile de remporter des délégués.


Ainsi, la stratégie de Ron Paul, axée sur le nombre de délégués plutôt que sur la victoire dans les Etats, a été comparée à celle de Barack Obama en 2008. Il est vrai, l’ancien sénateur de l’Illinois avait très tôt annoncé que sa campagne raisonnerait en ces termes, mais uniquement pour diminuer les attentes du public et la pression autour de sa candidature. En creux, Barack Obama a toujours été là pour gagner, car il avait clairement les moyens d’y parvenir – un raisonnement et un constat qui ne s’appliquent absolument pas à Ron Paul en 2012.


Comme rappelé auparavant, ses idées libertariennes ne pourront triompher d’un parti d’establishment comme le GOP. Mais difficile d’ignorer le soutien à Ron Paul, très important dans ces primaires. Preuve en est, comparé à 2008, Paul a gagné 11% de voix supplémentaires en Iowa et 16% dans le New Hampshire. Une candidature indépendante à l’élection générale de sa part aurait donc sans aucun doute un très bon potentiel.


Mais l’intéressé a, à plusieurs reprises, repoussé l’idée d’un revers de main. La dernière fois il y a quelques jours, quand il a déclaré qu'il n'avait pas l'intention de se lancer dans une candidature pour un parti tiers à l'élection générale. Son intense implication dans les primaires républicaines est un signe irréfutable que le représentant du Texas au Congrès a l’intention de jouer selon les règles républicaines.


En 2008 déjà, il avait été le dernier à résister, jusqu’au bout, à l’investiture de John McCain. Paul avait officiellement renoncé en juin, alors que le sénateur de l'Arizona avait suffisamment de délégués depuis début mars pour s’assurer de porter le projet républicain lors de l’élection générale. L’influence de son mouvement, imprimée sur la durée, avait été considérable : les origines du Tea Party remontent directement à la campagne de Paul en 2008. Mais institutionnellement, il n’en reste rien aujourd’hui : après avoir brillé lors des élections de mi-mandat de 2010, la mouvance ultraconservatrice n’est pas rentrée en force dans l'appareil du parti.


Les primaires de 2012 sont très révélatrices à cet égard. Les militants du Tea Party sont dispersés sur tout le spectre idéologique du parti de l’éléphant, représentés chacun par un candidat. La victoire attendue de Mitt Romney, un de ses éléments modérés, est à percevoir comme l’échec ultime de la mise en orbite institutionnelle du Tea Party.


Ron Paul espère donc, cette fois, en amassant le plus de délégués possibles, peser sur les institutions. Il est donc bien moins question de la victoire finale que d’une dernière impulsion voulue par un libertarien qui se retirera de la vie politique à la fin de l’année : en 2011, il a annoncé qu'il ne se représenterait pas pour un nouveau mandat de deux ans au Congrès.


Pour prendre la suite, son successeur est tout trouvé : Rand Paul, son fils, sénateur du Kentucky depuis janvier 2011, est déjà vu comme un grand espoir de la scène politique nationale pour les années à venir. Si Barack Obama devait être réélu en novembre, on entendra encore parler des idées libertariennes du Tea Party lors des primaires de 2016 ; c’est au fond, tout ce que souhaite Ron Paul.

 


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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 08:16

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Mitt Romney lors de son discours de victoire, hier soir dans le New Hampshire (Photo Elise Amendola / AP)

 

 

Comme prévu depuis des mois, Mitt Romney a largement remporté la primaire du New Hampshire ; avec 39,4% des voix, il devance le libertarien Ron Paul (22,8%) et l'autre modéré mormon de la campagne, Jon Huntsman (16,8%). Newt Gingrich et Rick Santorum, qui se disputent les faveurs de l'électorat conservateur du Parti républicain, finissent loin du vainqueur, avec respectivement 9,4% et 9,3% des voix. Cette victoire sans appel propulse un peu plus Romney sur le chemin de la victoire, mais le chemin vers la nomination, même s'il s'éclaire, est encore long pour l'ancien gouverneur du Massachusetts.

 

Le discours délivré très tôt dans la soirée par Mitt Romney montre à quel point sa victoire était attendue, par la presse comme par son propre camp. Depuis des mois, Romney plaçait ses pions dans le New Hampshire, soutien après soutien, meeting après meeting. Avant même son annonce officielle de candidature, le 2 juin 2011, Romney était donné largement favori de la primaire du "Granite State". Ce discours de lancement, effectué depuis une ferme du New Hampshire, en disait déjà long sur les ambitions du candidat mormon dans l'Etat, qu'il comptait placer au centre de sa stratégie électorale de 2012.

 

Il y a quatre ans, Romney était tombé sous les coups de l'électorat conservateur de l'Iowa, Etat dans lequel il avait beaucoup investi et avait tout perdu d'entrée de jeu. D'où le changement d'optique pour 2012, dans laquelle le New Hampshire, Etat modéré s'il en est, était supposé lui être plus favorable. Les résultats d'hier soir ont donné raison à l'ancien homme d'affaires.

 

Sa surprenante victoire, la semaine dernière en Iowa, ouvre à Romney les portes de l'histoire politique moderne des Etats-Unis, puisqu'il est le premier candidat républicain depuis 1980 à remporter coup sur coup l'Iowa et le New Hampshire. Deux victoires consécutives d'entrée de jeu auraient permis, par le passé, à Romney d'être le nominé de facto du parti, mais 2012 déroge à la règle.

 

Deux raisons expliquent ce changement de scénario par rapport aux années précédentes. La première tient du caractère du candidat lui-même, un mormon modéré du Massachusetts qui peine à joindre les deux bouts idéologiques de son parti. Romney, malgré deux victoires de suite, est toujours largement considéré comme un favori par défaut dans ces primaires, et il lui faudra imprimer sa marque plus avant lors des scrutins à venir avant de voir, peut-être, tout son camp s'unir derrière lui.

 

En deuxième lieu, le calendrier et le système d'attribution des délégués, beaucoup plus concentrés sur le début d'année lors des primaires précédentes, sont cette fois beaucoup plus équilibrés de janvier à juin. En d'autres termes, lorsqu'il était facile pour un candidat de faire la différence très tôt lors des élections précédentes, ce le sera beaucoup moins cette année. D'où un laps de temps plus important avant d'atteindre le "chiffre magique" de 1144 délégués, qui permettra en août l'accès à la partie supérieure du "ticket" républicain.

 

L'étape suivante est la Caroline du Sud. Le "Palmetto State" a toujours correctement deviné le nom du nominé républicain depuis 1980 car il vient habituellement donner l'avantage soit à un conservateur sorti d'Iowa, soit à un modéré sorti du New Hampshire, en le catapultant ensuite vers le Super Tuesday, qui permet de forcer la décision en attribuant un grand nombre de délégués.

 

Mais cette année, le Super Tuesday (6 mars) arrive 7 semaines après la Caroline du Sud (contre seulement 2 en 2008, par exemple), ce qui pourrait donner suffisamment de temps aux adversaires de Romney pour se remettre d'un départ moyen. En outre, il n'attribue que 621 délégués, contre plus de 900 en 2008, soit une proportion moindre du total nécessaire pour l'emporter.

 

Surtout, la frange conservatrice opposée à Romney espère toujours casser l'élan médiatique de ce dernier en Caroline du Sud en s'alliant derrière un unique candidat capable de priver l'ancien gouverneur du Massachusetts d'une victoire qui pourrait être extrêmement importante mais, contrairement aux années précédentes, pas forcément décisive. 

 

Etant donné que l'opposition à Romney est divisée et que la Caroline va voter pour l'homme qu'elle pense être capable de remporter les primaires - et l'élection générale - le candidat mormon possède de bonnes chances de l'emporter. En 2008, un scénario similaire avait permis à John McCain de gagner dans le "Palmetto State" puis de rapidement clore les débats.

 

La Caroline du Sud, si elle avantage Romney, pourrait pousser ses adversaires à abandonner (Perry et Huntsman ont le plus de chances de partir dans dix jours), mais la course continuerait au moins avec Ron Paul et un membre de l'aile conservatrice (Gingrich ou Santorum sans doute) jusqu'au Super Tuesday. Si jamais un conservateur gagne en Caroline du Sud, Romney se verrait freiné mais pourrait compter sur un calendrier favorable en février et une capacité bien plus importante à résister, sur le long terme, pour empocher l'investiture au cours du printemps.

 

Si l'on se fie à la martingale, Romney a besoin d'une victoire en Caroline du Sud pour remporter l'investiture. Mais à la lumière du calendrier, il apparaît que la nomination n'est qu'une question de temps et d'argent. En effet, grâce à deux victoires d'affilée d'entrée de jeu - perfomance inédite dans l'histoire récente - Mitt Romney s'est sans doute assuré un duel au sommet contre le président Obama. Il reste dix jours aux conservateurs pour s'allier, et retarder l'entrée de Romney dans la gotha de l'histoire politique américaine.



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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 08:53

LE PLUS. Vu de France, les Républicains US peuvent paraître extrémistes : un candidat mormon, un autre connu pour avoir prôné l’étude obligatoire du créationnisme dans les écoles, un troisième considéré comme le père spirituel du Tea Party… Soufian Alsabbagh, auteur de "L'Amérique de Mitt Romney", explique d'où provient ce décalage.

Edité et parrainé par Hélène Decommer


Sur le plan économique tout comme sur le plan social, on peut dire que Nicolas Sarkozy et Barack Obama se situent à peu près sur les mêmes lignes. Par contre, les Républicains américains sont nettement plus à droite que notre droite française, ce qui explique la vision très conservatrice et même extrémiste que nous avons d'eux. 


La religion, ciment de la société américaine

 

Le principal facteur qui consolide cette distinction est la religion. Il faut bien comprendre qu'aux Etats-Unis, l'attachement au religieux est beaucoup plus important qu'en France. Pour donner un ordre de grandeur, 65% des Américains déclarent que la religion tient une place importante dans leur vie quotidienne, quand seuls 25% des Français répondent la même chose.

 

Or l'impact du religieux est sans aucun doute plus fort chez les Républicains que chez les Démocrates, les premiers s'attachant davantage aux dogmes du christianisme, dans lesquels mormons et protestants se retrouvent. Les protestants constituent l'aile la plus dure du parti républicain, alors que les mormons - représentés par Mitt Romney et Jon Huntsman dans la primaire actuelle - sont généralement plus à gauche. Cela peut paraître surprenant vu de France, où nous les associons à une communauté renfermée sur elle-même et ultra-conservatrice. Ceci se vérifie sans doute au niveau de la société, mais pas en politique : la droite du parti étant déjà occupée par les protestants bien ancrés, les mormons ont dû se décaler sur la gauche pour obtenir davantage d'audience.

 

L'influence du religieux mène à une cristallisation autour de certains thèmes - l'avortement, le mariage homosexuel - qui attire donc particulièrement l'œil français.

 

Le second facteur qui confère une image extrémiste aux Républicains américains est lié à leurs positions en matière d'économie. Au fil du temps, le parti est devenu de plus en plus jusqu'au-boutiste sur les questions de fiscalité.

 

Après la présidence de Ronald Reagan, les Républicains ont systématiquement poussé le parti vers la droite, au point de ne vouloir entendre parler aujourd'hui ni d'impôt ni de taxe. C'est leur leitmotiv depuis 30 ans, renforcé actuellement grâce à la crise. Finalement, Reagan, que l'on disait très conservateur, s'entendait mieux avec les Démocrates que Barack Obama ne s'entend aujourd'hui avec les Républicains !

 

Le parti républicain n'est pas l'équivalent de notre FN

 

Si l'on devait transposer les choses sur l'échiquier politique français, il n'y aurait pas vraiment d'équivalence concernant les Républicains.

 

Fiscalement, ils sont nettement plus à droite que l'UMP, sans pour autant coller au Front national, qui défend d'autres mécanismes économiques. Ils ne sont pas non plus assimilables à la Droite populaire, qui reste dans le giron de l'UMP ayant décidé, par exemple, de taxer les hauts revenus, chose impensable côté républicain.

 

Socialement, on peut rapprocher la tendance Tea Party des Républicains du Front national, mais pas l'intégralité du parti. Mitt Romney refuse par exemple de stigmatiser les minorités et passe pour un modéré face à Marine Le Pen.

 

Et chez nous, en France, qui pourrait se situer par transposition chez les Républicains ? Là encore, les comparaisons doivent être établies avec précaution. On peut penser à Christine Boutin pour l'aspect religieux. Ayant à plusieurs reprises déclaré qu’elle n’était pas favorable à l’avortement, elle pourrait être comparée à une Républicaine US.

 

Propos recueillis par Hélène Decommer.

 

A paraître le 12 janvier : "L'Amérique de Mitt Romney"

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 08:42

Après une victoire étriquée lors du caucus de l’Iowa, Mitt Romney a pris le meilleur départ possible dans la course à l’investiture républicaine, qui servira à choisir l’adversaire de Barack Obama lors de la présidentielle américaine de 2012. L’ancien gouverneur du Massachusetts réaliserait même la campagne idéale pour Soufian Alsabbagh, auteur d’une biographie à paraître sur Mitt Romney*.                                     

La victoire de Mitt Romney dans l’Iowa est-elle déjà significative dans cette investiture républicaine?

Elle est significative mais pas encore décisive. S’il s’était imposé de façon assez large, il aurait pu tuer le match. Pour contrer sa candidature, la frange conservatrice du Parti républicain avait besoin d’une nette victoire d’entrée. Elle ne l’a pas eu. Mais son principal candidat, Rick Santorum, a perdu de huit voix seulement 

Cette victoire a-t-elle donc davantage une portée symbolique?

Oui, l’important est surtout qu’il n’ait rien perdu dans ce caucus. L’Iowa ne le favorisait pas. Mitt Romney est modéré et il a réussi à s’imposer en terre conservatrice – 80% de l’électorat républicain de cet Etat se déclarant comme tel. En récoltant 25% des suffrages, il a donc réussi à grappiller quelques voix. Et en cas d’une nouvelle victoire dans le New Hampshire le 10 janvier puis en Caroline du Sud le 21, l’effet d’entraînement sera par la suite inévitable.

Y aura-t-il un duel entre lui et Rick Santorum? Ce dernier reste bas dans les sondages nationaux…

La course se jouant Etat par Etat, les sondages nationaux ne veulent rien dire. C’est surtout l’enchaînement des bonnes performances qui propulse un candidat. Avec ce résultat en Iowa, Rick Santorum va forcément monter dans les intentions de votes. Les deux prochains rendez-vous seront cruciaux pour savoir s’il va réussir à rassembler l’ensemble du camp conservateur. Il sera donc important de surveiller quand interviendront les abandons des autres candidats. Newt Gingrich par exemple, qui ne semble pas vouloir jeter l’éponge, pourrait siphonner des voix à Rick Santorum.

L’éclosion tour à tour des candidats conservateurs dans cette campagne – Michèle Bachmann, Rick Perry, Herman Cain, Newt Gingrich et maintenant Rick Santorum – semble en tout cas montrer que Mitt Romney n’est pas l’homme providentiel…

De nombreux républicains reprochent à Mitt Romney un manque de charisme et des changements de positions sur plusieurs sujets. Mais c’est probablement la plus grande chance du Parti républicain pour battre Barack Obama en 2012. L’élection présidentielle va certainement se jouer au centre et le président l’a bien compris. Le mieux pour les républicains serait donc d’être représenté par un modéré pour ne pas perdre trop de voix auprès de cet électorat.

Mais Romney, s’il est élu, réussira-t-il à rassembler son camp?

Les républicains le soutiendront une fois investi, ce n’est pas un problème. En revanche, il y a une frange très conservatrice qui peut très bien lancer un candidat lors de la présidentielle. Il faut par exemple faire attention à Ron Paul, qui possède d’importants moyens financiers et qui représente les libertariens – ceux qui sont opposés à toute forme d’Etat. A la différence des autres conservateurs qui préfèrent mener leur combat à l’intérieur du Parti républicain, Ron Paul a déjà été candidat à l’élection présidentielle en 1988 sous cette étiquette libertarienne.

Malgré ce risque de dispersion des voix, Mitt Romney reste-t-il le plus à même de battre Barack Obama?  

Oui car au-delà de cette importance de l’électorat indépendant, l’aspect géographique doit être pris en compte. Mitt Romney sera très fort dans les "Etats bleus", ceux qui votent majoritairement démocrates. Prenons l’exemple du Massachussetts, dans lequel il a été gouverneur. Il est aussi né dans le Michigan et il aura donc davantage de voix qu’un autre républicain. Et puis il y a tous les "swing states", tantôt démocrate, tantôt républicain, qui pourront condamner la politique d’Obama en 2012.

 Fait-il un parcours sans faute, selon vous?

Il ne fait pas campagne pour remporter la nomination républicaine mais bien pour gagner l’élection présidentielle. Comparé à sa candidature en 2008, il a gagné en expérience. Il ne refait pas les erreurs du passé, comme la gestion de ses finances par exemple. Il avait énormément dépensé dès le mois de janvier et il avait tout perdu.

Ses attaques ciblent d’ailleurs davantage Barack Obama que ses autres adversaires du parti. N’est-ce pas trop tôt pour cela?

C’est une bonne chose pour se donner une image présidentielle. Il laisse le boulot ingrat à ses comités de soutien, qui se chargent d’attaquer ses concurrents. Et cela lui réussit.

 

* L’Amérique de Mitt Romney, Demopolis, 272 pages, 21€. Parution le 12 janvier.

 

Arnaud Focraud - leJDD.fr

mercredi 04 janvier 2012
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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 17:54

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Karen Santorum félicite son mari Rick, qui a pris mardi la deuxième place lors des caucus de l'Iowa (Photo Charlie Riedel / AP)

 

 

La victoire de Mitt Romney en Iowa pourrait être suivie, mardi prochain, d'un deuxième succès dans le New Hampshire, où l'ancien gouverneur du Massachusetts est donné largement favori. L'Etat suivant, la Caroline du Sud (21 janvier) est de tendance conservatrice et semble être pour Rick Santorum le terrain parfait pour stopper la marche de son adversaire mormon vers la nomination. Problème : la droite du parti est divisée.

 

Comme le titrait justement le journal Politico ce matin : "Le New Hampshire est le suivant, mais la Caroline du Sud est la clé". Situé dans le sud du pays, l'Etat qui a lancé la guerre de Sécession possède un électorat républicain dominé, comme en Iowa, par les conservateurs évangélistes. Selon CNN, Santorum a largement surpassé Romney parmi les électeurs se définissant comme "très conservateurs" en Iowa (35% contre 14%).

 

Par chance pour Romney, l'électorat républicain de Caroline du Sud possède une proportion de modérés plus importante (31% lors des primaires de 2008, selon CNN), contre seulement 17% en Iowa mardi. De la même façon, les électeurs se définissant comme "très conservateurs" étaient 47% mardi en Iowa, mais si les chiffres de 2008 se confirment, ils ne seront que 35% en Caroline du Sud dans quinze jours.

 

Ces chiffres questionnent directement la capacité de Santorum à mettre des bâtons dans les roues de Romney, sachant que par le passé, les candidats de l'aile modérée du GOP se sont déjà imposés dans le "Palmetto State". Le dernier en date, John McCain, a remporté la nomination républicaine de 2008 et a publiquement annoncé, hier, son soutien à Mitt Romney.

 

Ce dernier, à en croire les sondages, arrivera à pleine vitesse sur la Caroline du Sud car il est largement favori dans le New Hampshire. Si jamais le candidat mormon en venait à remporter le "Granite State", il serait le premier républicain de l'histoire moderne des primaires à remporter à la fois l'Iowa et le New Hampshire. De surcroît, c'est à mettre au crédit de Romney, le passé montre que la Caroline du Sud a la double habitude de sélectionner des vainqueurs.

 

Premièrement, depuis 1980, la Caroline du Sud s'est plus alignée avec le gagnant de l'Etat modéré du New Hampshire qu'avec celui de l'Etat conservateur de l'Iowa (trois fois contre deux). Cela s'explique par un élan médiatique plus important : la primaire du "Granite State" étant plus rapprochée de celle de la Caroline du Sud, comparée à celle du "Hawkeye State", le vainqueur du New Hampshire arrive avec plus de "fraîcheur médiatique" aux yeux des électeurs. 

 

Deuxièmement, la Caroline du Sud a toujours correctement prédit le nom du nominé républicain, et ce depuis 32 ans. Pourquoi ? Parce que sa primaire vient trancher entre deux alternatives, toujours différentes, sortant d'Iowa et du New Hampshire, entre un conservateur et un modéré. Comme indiqué ci-dessus, en général au profit du candidat le plus centriste. Selon Tom Davis, sénateur au sein de la chambre haute du "Palmetto State", "les gens, ici en Caroline du Sud, sont très économes politiquement : ils tendent à voter utile et aiment soutenir le candidat qu'ils perçoivent comme quelqu'un qui peut gagner l'élection générale".

 

L'enjeu est de taille, car si jamais Mitt Romney réalisait un parcours parfait dans les "early-states" en gagnant en Iowa, dans le New Hampshire et en Caroline du Sud, les portes de la Floride, le 31 janvier, lui seront grandes ouvertes. Il pourra profiter, dans le "Sunshine State", à la fois d'un électorat modéré, mais surtout d'un effet d'entraînement médiatique considérable. Les deux Etats du Sud sont cruciaux car, en plus d'être placés au début du calendrier, ils pratiquent la règle du "winner takes all" : celui qui arrive premier remporte tous les délégués mis en jeu.

 

Dans ces conditions, Rick Santorum pourrait-il refaire son retard ? Bien que désigné favori de la droite chrétienne par l'Iowa, son infrastructure de campagne est minime par rapport à celle de Romney. Celui-ci a insisté mercredi : "Il s'est concentré sur l'Iowa. Moi, je mène une campagne nationale." Rick Santorum pourrait ainsi connaître le même destin que Mike Huckabee, exactement dans la même position il y a quatre ans, mais qui était rapidement arrivé à cours d'argent. Le million de dollars récolté hier par l'ancien sénateur de Pennsylvanie fera peu pour compenser le gigantesque retard qu'il accuse sur Romney, qui a amassé environ 55 millions de dollars en 2011.

 

Mais plus important encore, le favori de l'establishment jouit d'une division palpable à droite. Les volte-face de Perry et de Bachmann, le premier indiquant qu'il allait se retirer dès mardi soir, au contraire de la seconde - les deux changeant d'avis par la suite - laissent à Santorum la lourde tâche de livrer bataille contre deux adversaires conservateurs (Perry et Gingrich) moins bien placés de par leur résultat en Iowa, mais sans aucun doute plus solides en termes d'organisation et de finances.

 

En outre, Perry et Gingrich ont beaucoup misé sur la Caroline du Sud, un Etat duquel ils sont proches idéologiquement et géographiquement : tous deux sont bien implantés dans le Sud, Perry étant gouverneur du Texas et Gingrich ayant longtemps été réprésentant pour la Géorgie au Congrès. En restant dans la course, les deux hommes montrent qu'ils ne font pas confiance à Santorum pour battre Romney.

 

Gingrich, en particulier, possède encore 9 millions de dollars dans son compte de campagne et a clairement indiqué vouloir s'en servir pour bousculer Mitt Romney. L'ancien Speaker, coulé par plus de 3 millions de dollars de spots publicitaires négatifs en Iowa, a récemment troqué son costume "d'adulte dans la pièce" pour celui de fervent pourfendeur de Romney. Le 3 janvier, jour des caucus, il n'a pas hésité à qualifier son adversaire de "menteur" dans une interview accordée à CBS.

 

En restant en course, les deux candidats autrefois perçus comme les plus dangereux pour Mitt Romney, Rick Perry et Newt Gingrich, font peut-être le plus beau cadeau possible à leur rival. En 2008, le conservateur Fred Thompson était arrivé troisième en Iowa (13%) et, sachant que John McCain était intouchable dans le New Hampshire, l'ancien sénateur du Tennessee (Sud) avait alors tout misé sur la Caroline du Sud, un Etat voisin du sien. In fine, il n'avait fait que siphonner les voix des évangélistes à Mike Huckabee, finalement battu par McCain, devenu quelques semaines plus tard le nominé républicain.

 

C'est ainsi qu'en 2008, la base du parti s'était retrouvée obligée de soutenir un candidat qu'elle n'avait pas voulu. Une fois encore, l'embuscade des conservateurs en Caroline du Sud est promise à l'échec s'ils ne parviennent pas à s'unir derrière un seul homme. Et que ce soit pour Santorum, Gingrich ou Perry, la tâche promet d'être ardue.

 

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 06:22

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Mitt Romney, aux côtés de sa famille, annonce sa victoire lors des caucus de l'Iowa (Photo Win McNamee / Getty Images)

 

 

Au bout du suspens, Mitt Romney s'est imposé lors du premier scrutin présidentiel de 2012, qui avait lieu hier en Iowa. Avec 24,6%, il devance Rick Santorum de seulement huit voix. Le libertarien Ron Paul finit à la troisième place (21,4%), loin devant Gingrich (13,3%), Perry (10,3%) et Bachmann (5%). L'écart de voix n'étant pas significatif, qui profite le plus de la victoire ? Le mormon modéré du Massachusetts qui a gagné les faveurs des Iowans sans même courtiser leur vote, ou le champion désigné de la droite chrétienne, qui a fait campagne sans relâche dans l'Etat uniquement pour y effectuer un retour su le fil ?

 

Romney et Santorum se tiennent dans un mouchoir de poche (huit voix sur plus de 122.000 bulletins enregistrés), mais longtemps on a cru que la course serait plus serrée encore. En effet, jusqu'à 50% de bulletins dépouillés, vers 22H (heure américaine), Ron Paul était encore statistiquement à égalité avec les deux leaders : les trois hommes se tenaient alors en un pourcent.

 

Puis Paul a été distancé, la course se jouant alors entre Santorum et Romney. Après d'interminables retournements de situation, finalement, la victoire est revenue à Mitt Romney. Matt Strawn, le chef du Parti républicain d'Iowa, a déclaré officielle la victoire du candidat mormon à 1H30 du matin. Comme le rappelait Steve Brusk, de CNN, le scrutin le plus serré de toute l'histoire politique américaine a eu lieu dans le Dakota du Sud, en 1936 (257 voix d'écart). Les caucus de l'Iowa de 2012 resteront donc dans toutes les mémoires.

 

Au-delà du score, c'est la folle remontée de Rick Santorum qui risque de marquer l'après-Iowa : l'ancien sénateur de Pennsylavanie, battu de 17% lors de sa dernière campagne politique en novembre 2006, s'est imposé en deux semaines seulement comme le favori de la droite chrétienne. Parti de 6% dans les sondages du "Hawkeye State" début décembre, il a progressé de quasiment 20% en un mois. Ce au grand dam de Newt Gingrich, qui fait le chemin inverse et passe de 35% à 13%.

 

Tout à l'opposé des deux grands vainqueurs, Romney et Santorum, Rick Perry (cinquième avec 10,8% des voix) et Michele Bachmann (5%) sont les deux grands perdants de ce soir. Si la seconde a de nouveau exprimé son souhait de rester dans la course au moins jusqu'en Caroline du Sud, Rick Perry a laissé entendre qu'il allait se retirer au cours des jours à venir en évoquant un retour au Texas pour "réévaluer sa candidature".

 

Peu après le discours de défaite, le staff de campagne de Perry a annoncé que le gouverneur du Texas annulait son programme de fin de semaine, en Caroline du Sud. Dans la foulée, des sources du journal Politico ont annoncé que Santorum avait essayé de contacter Perry. Les deux conservateurs vont-ils unir leurs forces contre Mitt Romney en vue de la primaire de Caroline du Sud ?

 

Sans aucun doute, la victoire revient à Romney, mais l'homme de la soirée est Santorum. Son retour canon, au cours des derniers jours, lui vaut d'éclipser de facto les alternatives conservatrices à Romney, Perry et Bachmann en tête, sans oublier Gingrich. Mais qu'en est-il de la nomination républicaine ? Quel est l'impact de la victoire de Romney ?

 

En dépit de l'excellente performance de Santorum, Romney est parvenu à éliminer de la course deux de ses principaux concurrents (Gingrich et Perry), tout cela en ne dépensant "que" 2 millions de dollars. Perry, en comparaison, a dépensé plus de six millions de dollars dans l'Etat, seulement pour finir cinquième avec 10,3% des voix. Il y a quatre ans, Romney avait dépensé plus de 10 millions de dollars dans le "Hawkeye State" pour réaliser un score similaire à celui d'aujourd'hui.

 

Du fait de son pedigree modéré, la victoire de Romney en Iowa est une surprise. Elle fait de l'ancien gouverneur du Massachusetts le grand favori pour l'investiture du parti de l'éléphant. Romney bénéficie à présent d'un élan considérable pour aborder les primaires suivantes, New Hampshire (le 10 janvier) et Caroline du Sud (le 21 janvier). Dans le premier de ces deux Etats, il possède une importante marge d'erreur, les instituts de sondages le donnant à plus de 40% des intentions de vote.

 

Or, une victoire dans le "Granite State" le propulserait encore un peu plus puissamment vers la Caroline du Sud, un Etat conservateur qui lui est a priori défavorable, mais qui a, par le passé, cédé aux sirènes de candidats modérés en pleine lumière médiatique. Le dernier en date n'est autre que John McCain, qui avait réussi à battre le favori des évangélistes Mike Huckabee en plein coeur du Sud américain, pour finalement remporter l'investiture républicaine de 2008.

 

En s'imposant en Iowa, dans le Midwest conservateur, Mitt Romney s'est donc peut-être directement ouvert les portes de la convention républicaine de Tampa, qui en août prochain, déterminera le nom de celui qui défiera la réélection de Barack Obama. Le seul moyen pour Santorum de stopper l'ancien gouverneur du Massachusetts est d'attirer à lui les faveurs des électeurs de Gingrich et de Bachmann, des candidats qui ne semblent cependant pas prêts à se retirer.

 

 

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 09:25

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Le favori pour la nomination républicaine, Mitt Romney, est tout sourire aux côtés de ses supporters à Davenport, Iowa, le 2 janvier 2012

 

 

A moins de vingt-quatre heures des résultats des caucus de l'Iowa, Mitt Romney est sur orbite pour la victoire dans le premier scrutin présidentiel de 2012. Si les sondages disent vrai, il semble que seuls le libertarien Ron Paul et le conservateur Rick Santorum soient en mesure de le priver de la première place. Or, celle-ci pourrait être synonyme de nomination, car ses adversaires ont besoin d'enrayer d'entrée de jeu la formadable machine électorale mise en place par Romney, sous peine de voir l'ancien gouverneur du Massachusetts s'échapper définitivement.

 

Hier en Iowa, Mitt Romney transpirait la confiance. Pour un candidat dont la presse critique souvent le manque de charisme, l'ancien homme d'affaires s'est exprimé avec ferveur devant plus de 300 personnes à Davenport : "Cette élection est un choix capital à faire entre deux chemins que peut emprunter l'Amérique (...) L'âme de notre pays est en jeu."

 

Preuve de cette confiance suprême, seulement à demi-avouée ("We are going to win this thing"), Mitt Romney n'a pas une seule fois mentionné le nom de ses adversaires, se contentant, comme il l'a fait pendant la majeure partie de 2011, de tirer à boulets rouges sur le bilan du président Obama : "Notre nation promeut l'entreprenariat, mais je crois que le président veut de faire de nous un Etat-providence à l'européenne, une nation au sein de laquelle tout vous est offert, où le rôle de l'Etat n'est pas de nous laisser notre liberté et notre droit à l'épanouissement, mais plutôt de prendre aux uns pour donner aux autres, tout cela au nom de l'égalité."

 

Ne passant outre aucune note patriotique, Romney cite à foison des passages de célèbres poèmes américains mais ne délivre que rarement des indications sur ce qu'il ferait, concrètement, s'il en venait à être élu en novembre 2012. Il n'évoque que des thèmes populaires au sein du Midwest iowan, de la lutte contre la nucléarisation de l'Iran à la guerre commerciale contre la Chine, sans oublier la nécessité de se débarrasser, dès le premier jour de son mandat, de l'impopulaire plan de couverture-santé universelle du président Obama.

 

Cette dernière question résume à elle seule l'admirable tour de force que Mitt Romney est sur le point de réaliser. Si demain, les dernières tendances des sondages se confirment et qu'il devance Ron Paul et Rick Santorum, alors le modéré Romney se sera imposé dans un Etat à tendance très conservatrice. A priori hostile à un mormon venant du Massachusetts, l'électorat de la droite chrétienne est sur le point de voir un homme ayant promulgué dans un son Etat un plan de santé similaire à celui d'Obama l'emporter sur ses terres.

 

En 2008, les chrétiens évangélistes composaient 60% de l'électorat iowan lors des caucus, un chiffre qui sera sans doute orienté à la baisse ce soir. Cela fait bien évidemment les affaires de Romney, qui compte sur la participation d'un nombre maximal d'électeurs de centre-droit pour le conduire à la victoire. Surtout, le nombre réduit de chrétiens fondamentalistes qui voteront ce soir devront trancher entre quatre candidats qui courtisent leur vote : Newt Gingrich, Rick Perry, Michele Bachmann et Rick Santorum.

 

Du fait du fractionnement de la droite chrétienne, aucun des candidats conservateurs ne pourra réitérer l'excellente peformance de l'ancien pasteur Mike Huckabee, qui en 2008 avait recueilli plus de 40.000 voix sur son nom (35%). Rick Santorum, le mieux placé dans les sondages, ne peut espérer finir fort que s'il parvient à arracher des voix des mains de Gingrich, Bachmann et Perry.

 

Quant à Ron Paul, il profite lui aussi de la division des conservateurs et attire tous les électeurs libertariens du Parti républicain. Par ailleurs, les Iowans ont la possibilité de changer leur affiliation aujourd'hui même, permettant à de nombreux indépendants de voter lors des caucus. Selon le dernier sondage du journal Des Moines Register, Ron Paul domine très largement ses adversaires dans cette tranche de l'électorat. Cependant, il semble en perte de vitesse : mardi dernier, 29% des électeurs penchaient pour Ron Paul, mais vendredi, ils n'étaient plus que 16% à déclarer vouloir voter pour lui le 3 janvier.

 

Au milieu d'un champ de candidats remarquablement divisé, Mitt Romney pourrait, grâce à une victoire inattendue en Iowa, "tuer le match" d'entrée de jeu. Les primaires durent six mois aux Etats-Unis, ce qui réclame à la fois une organisation considérable et des fonds importants. Or, seul Romney dispose de toutes les cartes entre ses mains, travaillant sans relâche, depuis plus de cinq ans, pour bâtir une infrastructure suffisamment solide pour lui ouvrir les portes de la Maison-Blanche.

 

La seule chance des conservateurs de le stopper est de s'unir derrière un unique candidat qui pourrait incarner une alternative crédible. Les premiers Etats à voter (Iowa, New Hampshire, Caroline du Sud et Floride) servent toujours à dégager les deux ou trois tendances dominantes du parti, incarnées chacune par un candidat. L'étiquette de conservateur N°1 devrait revenir à Santorum après le 3 janvier, mais sachant que Gingrich, Bachmann et Perry ont tous trois des meetings prévus jusqu'en Caroline du Sud, qui vote le 21 janvier, Mitt Romney peut dormir sur ses deux oreilles : l'électorat de la droite chrétienne n'est pas près de raisonner.

 

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 06:43

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Rick Santorum fait campagne à Sioux City, Iowa, le 1er janvier 2012 (Photo Getty Images pour CNN)

 

 

A son tour, Rick Santorum a le droit à son moment de gloire dans les sondages. Contrairement à ses adversaires de l'aile conservatrice du Parti républicain, Michele Bachmann, Rick Perry ou Newt Gingrich, son ascension a lieu au meilleur moment possible. L'ancien sénateur de Pennsylvanie peut en effet prétendre à la victoire lors des caucus de l'Iowa, qui auront lieu demain soir. Mais aura-t-il le temps de refaire son retard ?

 

C'est incontestable, Rick Santorum possède actuellement l'arme la plus essentielle pour gagner une élection politique américaine : l'effet d'entraînement médiatique (momentum). Un sondage effectué par le journal iowan Des Moines Register donnait samedi Santorum à 15%, derrière Mitt Romney (24%) et Ron Paul (22%). Mais le 1er décembre, le même journal donnait l'ancien sénateur de Pennsylavanie à 6% seulement.

 

Hier, l'institut de sondage Public Policy Polling (qui penche légèrement côté démocrate) confirmait la montée de Rick Santorum dans les opinions des électeurs républicains de l'Iowa. Avec 18%, il semble réduire l'écart avec Ron Paul (20%) et Mitt Romney (19%). Selon PPP, Santorum est le second choix des électeurs acquis à la cause de Rick Perry, Michele Bachmann et Newt Gingrich, tous trois issus de la droite du Parti républicain. Il ne fait donc guère de doute que Rick Santorum tient son soutien grandissant des électeurs souhaitant s'unir derrière une alternative conservatrice au modéré Mitt Romney et au libertarien Ron Paul.

 

La réponse au classement final de Santorum repose donc sur sa capacité, en l'espace de moins de quarante-huit heures, de faire basculer dans son camp les électeurs de Perry, Gingrich et Bachmann. Ceux-ci ne vont bien évidemment pas s'en laisser compter ainsi, même s'il leur sera difficile de lutter contre la tornade médiatique dont bénéficie actuellement Santorum.

 

Ancien sénateur de Pennsylvanie, ce dernier a une connexion avec les électeurs col-bleu, présents en nombre dans le "Keystone State" et qui penchent plutôt pour Romney en Iowa. Surtout, Rick Santorum paraît être l'ultime candidat capable d'unifier les chrétiens évangélistes, qui composent plus de 60% de l'électorat du "Hawkeye State", ce qui lui donne un argument majeur pour prétendre à la victoire mardi soir.

 

Peu de temps avant Noël, Santorum avait reçu le soutien de Robert Vander Plaats, le chef du Family Leader, une puissante organisation d'obédience sociale-conservatrice. Vander Plaats répète ainsi depuis une dizaine de jours le besoin d'unité de la droite chrétienne derrière un unique candidat, sous peine de voir Mitt Romney l'emporter sur un terrain défavorable - ce qui lui donnerait une crédibilité extrêmement forte pour remporter la nomination républicaine.

 

Mitt Romney, en dépit de son "plafond" de 25%, fait pour le moment la course en tête car la droite du Parti républicain est divisée entre quatre candidats différents. L'ancien gouverneur du Massachusetts, lors de sa première campagne présidentielle en 2008, n'avait pas eu cette chance : l'ancien pasteur baptiste Mike Huckabee était en effet parvenu à récolter le soutien de la droite chrétienne pour s'imposer avec 34% des voix. Au grand dam de Mitt Romney, qui avait dépensé plus de 10 millions de dollars en Iowa uniquement.

 

En 2011, l'ancien homme d'affaires a fait profil bas dans le "Hawkeye State" pour éviter de se frotter à l'épineux électorat évangéliste. Ce n'est pas le cas de Santorum, qui est le seul candidat républicain à s'être rendu dans chacun des 99 comtés de l'Etat. L'ancien sénateur est bien connu des électeurs, mais il lui faut maintenant les convaincre de se déplacer dans les bureaux de vote (precincts). Ce dernier point organisationnel est la principale force de Paul et de Romney, qui peuvent compter sur un électorat certes limité, à 20% ou 25% des électeurs, mais qui se déplacera le plus massivement pour voter le 3 janvier.

 

Sentant le souffle de Rick Santorum dans leur dos, les deux favoris ont lancé à leur outsider de dernière minute ses premières piques de la campagne. Ron Paul, dans une interview accordée à CNN, s'est vanté de la taille des foules qui se rendent à ses meetings, comme un signe que son soutien est loin de s'essouffler. Le représentant du Texas au Congrès a même prédit qu'il finirait dans le "Top 2" mardi soir.

 

Romney, de son côté, a fait valoir que "comme Gingrich, le sénateur Santorum a consruit sa carrière au sein des instances fédérales de Washington. Il n'y  rien de mal à cela, mais c'est un background très diffrent que je propose aux électeurs". L'ancien homme d'affaires espère ainsi autant jouer sur son profil d'expert des affaires économiques que sur le mécontentement des Américains envers le Congrès, tout à fait palpable en plein coeur du Midwest iowan.

 

Paul et Romney ne peuvent plus compter sur la télévision pour discréditer Santorum, puisque le temps est trop réduit pour envoyer de nouvelles publicités aux principaux médias. C'est un immense avantage pour l'ancien sénateur, assuré de ne pas connaître en Iowa le même sort que Gingrich, passé de 35% à 15% dans les sondages après plus de deux millions de dollars de spots négatifs (attack ads) lancés de concert par les équipes de Romney, Paul et Perry.

 

En définitive, Santorum ne peut pas lutter avec Romney et Paul d'un point de vue financier, ses moyens étant bien plus limités que les leurs. En revanche, il possède l'élan populaire, qui à en croire les sondages menés en 2011, peut soulever des montagnes. Il n'a en effet fallu que quelques jours à Pawlenty, Bachmann, Perry, Cain et Gingrich pour atteindre des sommets dans les sondages (jusqu'à 35%). Le timing est donc parfait pour Santorum pour espérer la victoire. Les résultats de demain seront l'occasion de voir si ce dernier arrive trop tard, ou bien pile à l'heure.

 

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 12:53

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Mitt Romney fait campagne à Cedar Falls, Iowa, le 29 décembre 2011 (Photo Chip Somodevilla/Getty Images)

 

 

A quatre jours des caucus de l'Iowa, les sondages créditent Mitt Romney d'une très légère avance qui pourrait bien être suffisante pour empocher la mise dans le premier Etat à voter. Une telle victoire serait surprenante au vu de la campagne menée par le candidat mormon dans le "Hawkeye State". Par conséquent, elle lui donnerait un élan considérable pour aborder les scrutins suivants. Pourtant, Romney n'a pas la victoire assurée d'avance : il demeure quelques scénarios qui pourraient le priver du duel tant attendu contre le président Obama. 

 

 

1. Rick Santorum crée la surprise et les candidats conservateurs raisonnent

 

A en croire les derniers sondages, Rick Santorum est en train de s'imposer comme la "star de la semaine". Juste à temps pour remporter les caucus de l'Iowa ? L'ancien sénateur de Pennsylvanie est le seul candidat, jusqu'à présent, à avoir parcouru les 99 comtés du "Hawkeye State". En dépit de ses moyens financiers limités, il est donc bien connu des électeurs, qui se décident enfin à lui accorder un peu de crédit. Selon le dernier sondage We Ask America, effectué auprès de 889 électeurs républicains, Santorum a ravi la deuxième place à Ron Paul, avec 17% d'intentions de vote contre 14% au Texan. Romney fait la course en tête, avec 24% des intentions de vote.

 

Mardi prochain, si jamais Santorum en venait à refaire son retard sur l'ancien gouverneur du Massachusetts, il pourrait se poser en champion de la base des électeurs évangélistes, très conservateurs, jusque là divisés entre Gingrich, Bachmann et Perry. Si l'on imagine que ces trois derniers candidats se décident à barrer absolument la route à Romney, ils pourraient, de concert, annoncer la suspension de leur camapgne et jeter toutes leurs forces derrière Santorum pour les scrutins suivants.

 

Ce scénario souffre évidemment de deux points faibles évidents. Premièrement, il faudrait que Santorum parvienne à battre Romney, qui semble plus que jamais lancé vers la victoire en Iowa. Pour cela, Santorum doit miser sur un très fort taux de participation de ses supporters, bien moins acquis à sa cause que le sont ceux de Romney ou de Paul. Deuxièmement, il est fort peu probable que Perry ou Gingrich se retirent avant la Caroline du Sud, qui vote le 21 janvier, car ils y bénéficient d'une solide base de soutiens. Ainsi, le vote conservateur resterait divisé, pour le plus grand bonheur de Romney.

 

2. Le New Hampshire est fidèle à sa réputation d'"anti-favori"

 

Les deux premiers Etats à voter, Iowa et New Hampshire, ont une composition électorale tout à fait opposée, le premier étant dominé par les chrétiens évangélistes, fortement conservateurs, et le deuxième étant dominé par les modérés, plus attachés aux questions économiques et fisacles. Iowa et New Hampshire orientent la course en sélectionnant chacun le favori des ailes gauche et droite du Parti républicain. Ainsi, depuis 1980, jamais le New Hampshire n'a choisi le même candidat que l'Iowa. Or, les sondages montrent actuellement que Romney est en tête dans les deux Etats : si l'ancien homme d'affaires parvenait effectivement à remporter les deux scrutins début janvier, la performance serait historique.

 

Si jamais l'Iowa tombait entre les mains de Romney, alors l'histoire voudrait que celui-ci tombe dans une embuscade une semaine plus tard dans le "Granite State". En 2000, le favori incontestable George W. Bush avait enregistré une defaite de 19 points contre John McCain, quelques jours après une victoire largement attendue en Iowa. Pourtant, difficile de croire qu'après avoir caracolé en tête de tous les sondages dans le New Hampshire en 2012, le soutien à Mitt Romney s'effondre d'un coup d'un seul, et surtout après une victoire surprise en Iowa. Selon le dernier baromètre CNN/Time/ORC, le candidat mormon dispose de 44% des intentions de vote dans le deuxième Etat à voter, loin devant Ron Paul (17%) et Newt Gingrich (16%).

 

En 2004, lors des primaires présidentielles du Parti démocrate, John Kerry avait réussi a remporter le New Hampshire, où il était donné favori durant toute l'année 2003, après une victoire inattendue en Iowa. Par la suite, Kerry avait rapidement mis fin aux espoirs de tous ses adversaires, irrémédiablement distancés par un départ mal négocié. Un scénario appelé à se répéter en 2012 ? La trajectoire de Romney semble en tout cas l'indiquer avec insistance.

 

3. Mitt Romney flanche au plus mauvais moment

 

Alors que les deux premiers scénarios concernent des paramètres extérieurs à la camapgne de Romney, il existe une troisième possibilité selon laquelle, après un an passé en tant que favori de l'establishment, l'ancien gouverneur du Massachusetts explose en plein vol.

 

Il est aisé d'imaginer la pression et les fatigues que l'équipe de campagne de Mitt Romney doit endurer depuis des semaines et, dans ces conditions, il est toujours plus aisé de commettre des erreurs. Une bourde en débat, une casserole sale ressortie au mauvais moment ou encore une interview maladroite, les options sont nombreuses et variées.

 

Mais si Romney continue à se poser comme l'adversaire présumé du président en concentrant ses attaques contre la Maison-Blanche, alors il diminuera considérablement les risques de commettre une erreur sur ses propres positions. Hier, en Iowa, le favori pour l'investiture est allé jusqu'à reprocher à Obama de passer ses vacances à Hawaii, pendant que "les Américains" bravaient la pluie et le froid pour se rendre à son meeting situé en plein coeur du Midwest.

 

 

En dépit des signes positifs, la prudence est de mise : la course à la nomination républicaine a cette année été l'une des plus fluides de l'histoire politique américaine, et les trois jours à venir peuvent encore faire la différence. Pourtant, certains membres de l'équipe de campagne de Romney se réjouissent déjà : "Je ne vois pas un scénario dans lequel ne sommes pas nominés", confiait au New York Magazine l'un des stratégistes de l'ancien homme d'affaires. Encore un pari à 10.000 dollars ?

 

 

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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 06:13

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Ron Paul s'exprime devant ses supporters à Marshalltown, Iowa, le 10 décembre 2011

 

 

Comme souvent lorsque l'incertitude est de mise, les scénarios les plus improbables deviennent réalistes - et réalisables. Alors que les républicains peinent, depuis des mois, à s'accorder sur le nom de leur champion pour l'élection présidentielle de 2012, Ron Paul pointe son nez en tête des sondages réalisés en Iowa, qui lancera le processus de nomination présidentielle du parti de l'éléphant le 3 janvier prochain. En dépit de ses opinions très controversées - pour ne pas dire extrêmes - Ron Paul est-il en mesure de créer une immense surprise dans maintenant treize jours ?

 

2012 sans doute la campagne des primaires la plus incertaine de l'histoire moderne opposant plus de deux candidats ayant de réelles chances de l'emporter. De l'avis de tous les commentateurs politiques, il est impossible de dire aujourd'hui qui remportera le plus de voix lors des caucus de l'Iowa, qui auront lieu le mardi 3 janvier 2012. Pour les électeurs du "Hawkeye State", Gingrich et Romney, les deux favoris actuels, ont tous deux de sérieuses tares en matière de religion (un triple marié et un mormon) ainsi que de pedigree : leurs actions parfois modérées par le passé sont à l'origine du scepticisme latent d'un électorat résolument conservateur. 

 

De l'autre côté du miroir, tous les candidats plus proches de la sensibilité du Tea Party ne parviennent pas à décoller, bloqués sous la barre des 10%. Rick Santorum, Rick Perry et Michele Bachmann, qui travaillent sur la droite de Gingrich et Romney, peinent à attirer les foules car ils divisent l'électorat évangéliste de façon quasiment égale selon les sondages. Il y a quatre ans, l'ancien pasteur Mike Huckabee avait récolté 35% de voix en Iowa grâce à la coalition que la droite chrétienne avait formée autour de lui.

 

Sachant que Jon Huntsman a délibérément fait impasse sur le premier Etat à voter pour jeter toutes ses forces sur le second, le New Hampshire, il ne reste plus qu'un homme vers qui les Iowans puissent se tourner. Il s'agit de Ron Paul, représentant de la 14e circonscription du Texas au Congrès. A la différence de Gingrich, il possède une des organisations les plus solides en Iowa - si ce n'est la plus solide. Et à la différence de tous les autres candidats, le vétéran de cette campagne (76 ans) est inattaquable sur son bona fides conservateur ; droit dans ses bottes, il se vante de ses prises de position qui, bien que conservatrices dans leur ensemble, s'écartent parfois de la norme en vigueur au Parti républicain.

 

De sa méticuleuse organisation jusqu'à l'incertitude de l'électorat, en passant par la composition du panel de candidats républicains, de nombreuses raisons peuvent expliquer la montée de Ron Paul dans les sondages. Celle-ci est bien réelle, après toute un année passée aux avant-postes, en embuscade derrière les leaders qui se sont succédé en tête de l'Iowa. Selon l'institut Public Policy Polling, Ron Paul, avec 23% des intentions de vote, domine Romney et Gingrich, respectivement deuxième et troisième avec 20% et 14% des voix. Bachmann, Perry et Santorum possèdent tous trois un dizième de l'électorat iowan, dans une parfaite égalité.

 

Déjà candidat à l'investiture républicaine en 2008, comme Mitt Romney, Ron Paul bâtit depuis cinq ans maintenant une organisation capable non seulement de s'attirer des supporters, mais aussi de les faire se déplacer dans les bureaux de vote. A la question "Lequel des candidats a l'organisation la plus solide en Iowa ?", Ron Paul arrive en tête (22%), selon les Iowans eux-mêmes. En termes de ressources, Paul possédait 4,5 millions de dollars début octobre, ce qui le place en troisième position derrière Romney (32,5 millions) et Perry (15 millions). Sa "Super-PAC", Revolution PAC, dispose elle aussi d'un trésor de guerre important ; une grande partie de son argent sert à acheter de la publicité en Iowa et ainsi attaquer ses adversaires sur leur bilan (cf. infra).

 

 

 

 

 

Contrairement aux "faucons", qu'ils soient modérés ou conservateurs, qui composent l'écrasante majorité des élus américains à l'échelle nationale, Ron Paul défend une politique étrangère basée sur l'isolationnisme. Ses adversaires lui reprochent ainsi de se positionner à la gauche du président Obama, en militant notamment pour la fin de toute aide financière à l'étranger ou le retrait immédiat de toutes les forces américaines en Afghanistan. Par ailleurs, Paul refuse de croire que l'Iran est en possession de l'arme nucléaire : ce n'est pour lui qu'une menace brandie par Washington pour légitimer une nouvelle guerre, ce qu'il considère comme une maladroite répétition du scénario qui a amené la guerre en Irak en 2003.

 

Pour ce qui est des affaires domestiques, Ron Paul défend une plateforme ultra-libérale, qui correspond à la frange extrême du Parti républicain : suppression de banque centrale américaine et abolition de l'impôt sur le revenu sont ses fers de lance depuis de nombreuses années. S'il est élu président des Etats-Unis, Ron Paul promet qu'il fera des coupes budgéaires à hauteur de mille milliards de dollars dès sa première année de mandat. En outre, il est en accord avec la droite chrétienne sur de nombreux sujets dits "sociaux", de l'avortement au port d'armes, sans oublier la couverture-santé universelle.

 

Ces idées pour le moins radicales ont valu à Ron Paul, en 2008 et en 2012, de ne pas être pris au sérieux par ses adversaires. Mais alors que l'authencité est le problème principal des leaders républicains, les électeurs de l'Iowa semblent amorcer un ralliement vers celui dont les idées sont les plus fortes, dont la conviction est la moins susceptible de sombrer sous les assauts des accords bipartisans de Washington. A cet égard, il n'est pas surprenant de constater que 70% des personnes interrogées en Iowa pensent que Paul a des principes sincères, quand seulement 50% et 36% en disent de même de Romney et Gingrich respectivement.

 

Si Ron Paul, de par ses prises de positions parfois extrêmes, dispose d'un électorat plus réduit que celui des candidats plus centristes comme Romney ou Gingrich, il peut compter sur une base de supporters qui feront tout pour le pousser vers la victoire. Cela commence par se déplacer dans le froid, et peut-être sous la neige, le 3 janvier prochain. C'est la raison numéro un pour expliquer la dégringolade de Gingrich dans les sondages : son avance, bien que très large, ne reposait sur strictement rien d'autre qu'une bulle de popularité médiatique. L'ancien Speaker ne dispose pas d'une organisation suffisamment solide pour pouvoir prétendre à la victoire, que ce soit dans le "Hawkeye State" ou dans les 49 autres Etats américains.

 

Les méthodes pour gagner des caucus comme celui de l'Iowa sont bien connues. Deux solutions existent pour l'emporter dans ce schéma radicalement différent des primaires traditionnelles : l'élan populaire ou l'argent. Le premier permet, avec une arrivée en tête des sondages dans le bon tempo, de remporter une victoire à l'arraché, tandis que le second garantit un filet de sauvetage en termes de voix, grace à un travail de longue haleine sur le terrain. Ron Paul est en possession de l'organisation, c'est une certitude. Ses adversaires, réunis avec leur famille au coin de la cheminée pour les fêtes, devront se montrer très vigilants à ce que Paul ne profite pas d'une étincelle médiatique qui, si elle arrivait un bon moment, rendrait sa victoire dans le "Hawkeye State" indiscutable.

 

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